Un territoire de la Haute-Lande
Arjuzanx a été la capitale de la baronnie du Brassenx, un petit pays comme un trait d'union entre la Haute Lande et les pays de l'Adour landais. Le village a un passé médiéval : un castrum existait jusqu’en 1338, sa destruction laissant place à une vaste motte surmontée d’une tour dite de la Carreyre, elle-même abattue en 1960 lors des travaux d’exploitation de la mine par EDF.
Ferdinand Bernède, photographe local (1869-1963) s’est insurgé contre la disparition des vestiges comme la tour de Carreyre mais aussi le Grand Tumulus, le moulin du Bez ou encore la fontaine St-Jean. Ces clichés en sont un témoignage.
Le territoire d’Arjuzanx a connu des changements importants.
¤ Jusqu’au milieu du 19ᵉ siècle, la vie à Arjuzanx se partage entre élevage et polyculture. Les bergers-agriculteurs sont organisés en quasi autarcie en symbiose avec leur environnement. Le paysage se compose, pour la majorité, de landes rases. L’écomusée de Marquèze à Sabres, à quelques km d’Arjuzanx, vous replonge dans cette vie des Landes de Gascogne au XIXᵉ siècle.
¤ Avec la loi de 1857, Napoléon III va orchestrer une profonde transformation du territoire landais ordonnant des travaux d'assainissement et de mise en valeur des terres incultes par la plantation de pin.
Il crée de toutes pièces le Domaine impérial de Solférino comme une œuvre agricole et sociale. L’empereur a également fondé, dans le sud du département, le domaine d’Orx, aujourd’hui réserve naturelle. En savoir + : Visite du domaine de Solférino (Source : FR3, Archive de l’INA)
¤ Lorsque la lande fit place à la forêt de pins, la vie s’est articulée au cœur des ressources de la pinède. À l'emplacement du site d'Arjuzanx, au sein du massif, se rencontrent au début du 20ème siècle, des champs de maïs ou de seigle avec éparpillées, une vingtaine de fermes, des métairies pour la plupart.
Il faut préciser également que, dès 1886, Arjuzanx a perdu son titre de chef-lieu au profit de Morcenx, qui se développe à la faveur de l’arrivée du train et de la construction de la gare.
Aujourd’hui, Arjuzanx fait partie de la commune de Morcenx-la-Nouvelle.
De 1958 à 1992, une mine de lignite
À partir de 1958, Électricité de France (EDF) décide, pour répondre aux besoins en électricité, d'exploiter, à ciel ouvert, le gisement de lignite d'Arjuzanx, afin d'alimenter une centrale thermique.
Le lignite était déjà connu : en 1858, l'abbé du village en avait une description le découvrant au niveau d'un affleurement naturel dans le lit du Bèz, la rivière locale.
Dans la mine, pour atteindre la couche de lignite, EDF extrayait 25 à 30 mètres de morts terrains ou « stériles » composés de sables et d'argiles. Le chantier d'excavation était conduit par 2 excavateurs à roue pelle de 1000 m³/h, qui enlevaient, en plusieurs passages, les morts terrains. Prenant le relais des excavateurs, 2 dragues à godets de 500 tonnes/h enlevaient, en un seul passage, la couche de lignite, d'une épaisseur de 2 à 7 mètres.
Dans les excavations, les eaux provenant des nappes ou de la pluie étaient pompées puis envoyées dans le réseau hydrographique après passage dans des bassins de décantation.
Les matériaux extraits étaient acheminés à l'aide de bandes transporteuses (tapis roulants) :
• s'agissant des morts terrains, vers des engins de rejet, appelés « sauterelles », et d'épandage soit dans d’anciennes excavations, soit directement sur les terrains naturels ;
• s'agissant du lignite, vers le silo de stockage de la centrale dont la capacité était de 20 000 tonnes,
Chiffres-clé de l’exploitation :
• 901 hectares exploités en 4 tâches d'excavation
• 18,4 milliards de KWh produits
• 196 millions de m3 de morts terrains déplacés
• 32,5 millions de tonnes de lignite extraits
En savoir + : La mine de lignite d'Arjuzanx (Source : France 3, Archive de l’INA)
Un site de renaturation
Au-delà de ses obligations d’exploitant minier, EDF s’est engagée, à partir d’octobre 1975, dans une vaste politique de réhabilitation du site avec le concours de l’ex-Office National de la Chasse, aujourd’hui Office Français de la Biodiversité. Quand on pense que le site minier d’Arjuzanx était considéré comme la plus grande friche industrielle de France en raison de sa surface... Un chantier gigantesque !
L’objectif de la réhabilitation était de reconstituer un écosystème complexe et original. Les travaux, dont le coût s’est élevé à 14 M€, ont consisté en :
• la stabilisation des sols : reprofilage des berges des anciennes excavations et remodelage de certains terrils ;
• l'amélioration de la qualité des sols par apport d'éléments fertilisants et travail du sol ;
• l'amélioration de la qualité des eaux et de la productivité par apport de chaux dans certains plans d'eau ;
• la lutte contre l'érosion des sols par re végétalisation et notamment des plantations d'arbres ;
• la gestion des eaux de surface par la réalisation d'ouvrages hydrauliques ;
• l'accessibilité à la totalité du site…
À l’issue de la réhabilitation, EDF quitte les lieux et la nature évolue librement en l’absence d’activités humaines permettant alors l’émergence d’un site naturel d’importance majeure, atypique et unique.
En savoir + : Fin de l'extraction du lignite à la centrale d'Arjuzanx (Source : France 3, archive l’INA)